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rame [2]

nf (ra-m')
  • 1Longue pièce de bois avec laquelle on fait marcher une embarcation. Sa Majesté veut qu'il fasse donner à l'avenir des rames aux vaisseaux qui seront armés contre les corsaires de Salé. [Seignelay, à de Seuil, 20 juil. 1680, dans JAL] Voyez tout l'Hellespont blanchissant sous nos rames. [Racine, Iphigénie en Aulide] Il fallut s'arrêter, et la rame inutile Fatigua vainement une mer immobile. [Racine, Iphigénie en Aulide] Nous fîmes les derniers efforts pour aborder, à force de rames, sur la côte voisine de Sicile. [Fénelon, Télémaque] Il faut se souvenir qu'il n'y avait pas un Athénien qui ne dût être prêt à manier la rame dans les plus grandes galères. [Rollin, Histoire ancienne] Le bruit égal et mesuré des rames m'excitait à rêver. [Rousseau, Julie, ou la Nouvelle Héloïse]

    Fig. Qui a donné aux oiseaux et aux poissons ces rames naturelles, qui leur font fendre les eaux et les airs ? [Bossuet, Élévation à Dieu sur tous les mystères de la religion chrétienne]

    Chez les anciens, navire à deux rangs de rames, à trois rangs de rames, à quatre rangs de rames, à cinq rangs de rames, dit birème, trirème, quadrirème, quinquérème ; on ne sait plus comment les rames y étaient disposées. Il y avait même des navires à vingt, à quarante rangs de rames.

  • 2Dans le moyen âge on se servait de galères qui allaient à la rame, et dont l'usage a subsisté jusque dans le XVIIIe siècle ; les rames y étaient mues par des forçats. Tirer à la rame. Tirer la rame. Mme d'Aiguillon assiste-t-elle dans un de nos ports ces misérables forçats qui, dans leurs prisons flottantes, gémissent sous le travail de la rame.... [Fléchier, Oraisons funèbres]

    Mettre à la rame, condamner aux galères. La révocation de l'édit de Nantes mit nobles, riches, vieillards, gens aisés, faibles, délicats, à la rame et sous le nerf très effectif du comite. [Saint-simon, Mémoires complets et authentiques du duc de Saint-Simon]

    Mariniers de rames, dits aussi bonnes-voglies (bonnes volontés ; prononcez volle, ll mouillées), se disait autrefois, sur les galères, de ceux qui se louaient pour servir pendant un certain temps, par opposition aux forçats.

    Être à la rame, être rameur. Des gens de néant s'emparer de la conduite des grands États, et s'asseoir au timon, bien qu'ils ne dussent être qu'à la rame. [Guez de Balzac, Ariste, ou De la cour]

    Fig. Être à la rame, tirer à la rame, travailler beaucoup, être dans un emploi très pénible. Toujours, comme un forçat, il faut être à la rame. [Régnier, Épîtres] M. de Beauvillier avait ramené Desmarets sur l'eau à force de sueurs, de temps et de rames. [Saint-simon, Mémoires complets et authentiques du duc de Saint-Simon]

    J'aimerais autant être à la rame, tirer à la rame, se dit lorsqu'on est dans une servitude fâcheuse, ou qu'on est appliqué à un travail fort pénible. J'ai paré de mon mieux les plus dangereux coups ; Mais tirer à la rame est un métier plus doux. [Corneille Th. Baron d'Albikrac, I, 9]

SYNONYME

AVIRON, RAME. Ces mots sont synonymes ; seulement aviron est plus ordinairement employé par les marins français du nord, et rame par les marins du Languedoc et de la Provence, JAL.

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